Chorégraphies à couper le souffle, styles qui en jettent, clips bien scénarisés et à grand budget, beats lourds et diversifiés, sons « masterisés »… Il est loin le temps des clips tournés dans des salons de maison, ou des chorégraphies qui se déroulent dans de simples jardins. La musique africaine prend une nouvelle dimension. Étant variée et dynamique, elle n’a rien à envier aux autres musiques du reste du monde. Enfin si… un peu ? Non, beaucoup ! L’argent restant le nerf de toute guerre, combien sont-ils ces artistes, pourtant talentueux, à pouvoir vivre de leur art ?
Partout dans le monde, la vente des CD physiques baisse. Normal ! Mises à jour technologiques obligent, les walkmans et les lecteurs CD deviennent obsolètes. Les ventes digitales s’imposent de plus en plus. Un marché encore inconnu en Afrique car pour ça, il faut internet et surtout, une carte bancaire ou tout autre moyen de paiement en ligne.
La musique Africaine, comme bien d’autres secteurs, souffre du manque de dynamisme du secteur bancaire Africain.
Une chanson vous plaît ? Vous aimez un album ? Il vous est possible dans certains pays, de télécharger via des sites sécurisés, pour quelques euros, la chanson ou l’album complet. Il est clair que comme ça, avec des prix d’album plus bas car des coûts de conception plus bas, il est plus facile de lutter contre le piratage.
En plus, des services de streaming musical en version payante sont aussi rares en Afrique pour les mêmes raisons.
Aussi, peut-on se poser des questions sur l’utilité des ministères de la culture dans nos pays ? Personnellement, j’ai toujours cru qu’un ministre de la culture n’avait que pour seules missions de parrainer des évènements et d’organiser la fête de la musique qui se déroule chaque année. Je me trompe certainement, mais peut-on m’en vouloir ? Considéré comme un simple divertissement, le secteur culturel est bien souvent délaissé par nos dirigeants vu l’absence ou le peu de réformes dans ce secteur.
Nos dirigeants ne perçoivent pas, ou faiblement, que la musique est une source de profit et qu’elle génère de l’emploi.
Prenons le cas de la Côte d’ivoire. Le secteur télévisuel n’est pas encore privatisé. Deux chaines de télévisions, appartenant toutes les deux à l’Etat. Si vous enlevez les journaux télévisés, les débats politiques, les émissions, les documentaires, les dessins animés, les séries et films… et que vous voulez être à jour sur l’activité musicale, il ne vous reste plus que les radios ou les boîtes de nuit. Ajouter à cela le fait que dans certaines émissions musicales, l’on fait passer le plus souvent des artistes occidentaux. Elle est belle la réciprocité, quand on connaît la visibilité des artistes africains sur les chaînes occidentales. Pour se faire connaître dans ces conditions, un artiste doit débourser plus d’argent pour avoir de la visibilité et accroître sa notoriété.
Cela dit, grand nombre d’artistes arrivent à sortir leur épingle du jeu.
La musique est l’un des rares domaines où le « consommer africain » marche vraiment
Avec l’essor de nouveaux genres musicaux, Zouglou, Coupé-décalé, Azonto… il y a de moins en moins d’Africains qui citent des artistes occidentaux comme chanteurs préférés. La musique africaine s’exporte de plus en plus. Normal. Elle est vaste culturellement car elle puise dans son identité mais aussi pioche dans d’autres cultures. Et ça, de grands groupes mondiaux de l’industrie musicale, comme Universal Music et Konvict Music l’ont compris.
La notoriété des anciens comme Youssou N’dour, Salif Keita, Koffi Olomidé ou des jeunes comme Kiff No Beat, Psquare ou D’Banj, faisant d’eux des chanteurs riches et influents n’est plus à démontrer.
En plus, le succès national et international de nos artistes fait du bien à notre économie. Plus l’artiste est connu, plus il s’enrichit par ses ventes, ses concerts et prestations. Plus d’argent, plus d’impôts. Il crée de l’emploi direct et indirect car il devient un entrepreneur. Et s’il est du genre altruiste, il s’engagera pour sa communauté et participera donc à son développement. S’il est connu internationalement, il devient un ambassadeur de notre pays ou de l’Afrique, et peut dans ce cas, amener des gens à s’intéresser à notre pays ou notre continent. Un argument reluisant pour notre fierté nationale ou continentale.
« Tout le monde ne peut pas Bara (travailler) dans un bureau » Kiff No Beat
Il faut donc soutenir nos artistes. Revaloriser notre patrimoine culturel. Et qui sait ? Le prochain Bob Marley ou Michael Jackson sera Africain.
Yves Bada
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