Alassane Ouattara, l’économiste raté ?

Monsieur Alassane Dramane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire est avant sa carrière politique, un économiste. Inscrit à l’Institut de technologie de Drexel puis à l’université de Pennsylvanie grâce à l’obtention d’une bourse, il obtient en 1967 un master en économie. Entré en tant qu’économiste au Fonds monétaire international (FMI) l’année suivante, il poursuit ses études et obtient un doctorat d’État en sciences économiques en 1972.
Par la suite, il intègre la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest en tant que vice-gouverneur de 1983 à 1984. Il retourne ensuite au FMI pour y occuper les fonctions de directeur du département Afrique après quoi il devient, en Octobre 1988 gouverneur de la BCEAO.
Ce petit retour sur son curriculum vitae a pour objectif de rappeler que monsieur Alassane Dramane Ouattara dispose d’une expérience académique et professionnelle honorables. Cependant ces expériences contrastent quelque peu avec les choix économiques qu’il a fait dans le passé et continue de faire en tant que président de la République de Côte d’Ivoire.
Pendant longtemps, et surtout durant la campagne électorale de 2010, il se vantait (et s’en vante encore) d’avoir été le principal acteur de la mise en place des programmes d’ajustement structurels en Côte d’Ivoire dans les années 90, en sa qualité d’économiste et en tant que premier ministre. Certains se souviennent encore de cette politique d’austérité qu’il a totalement assumé au motif qu’il s’agissait d’un mal nécessaire pour la relance de l’économie. Malheureusement ses belles paroles sont restées pure théorie étant donné que dans la pratique le changement ne s’est pas réellement vu. On peut sans risque de se tromper dire que cette politique a lamentablement échoué en Côte d’Ivoire ainsi que dans les pays de la sous-région. Rassurez-vous il ne s’agit pas d’accuser sans preuve mais d’en appeler à votre esprit de logique pour qu’ensemble nous tirions
les conséquences des choix de cet économiste qualifié de talentueux par son entourage.

Qu’est-ce que les Programmes d’ajustement structurel ?

Pendant les années 80, de nombreux pays d’Afrique ont connu des crises financières. Des pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal ont vu leurs économies décliner du jour au lendemain. Aussi,la Cote d’Ivoire, loin de son miracle économique des années 70 , vivait désormais une situation des plus chaotiques, du moins économiquement. Devant cette situation, le Fonds monétaire international (FMI) et la banque mondiale ont décidé de venir au chevet des Etats tels de bons samaritains pour redresser leurs économies. Le diagnostic était clair, pour ces institutions il fallait mettre fin à la politique du « Tout Etat» pour une économie plus ouverte, une économie libérale à l’instar des pays industrialisés. Etait-ce une bonne idée ?
La question se pose de façon légitime lorsqu’on sait ce que renferment réellement ces programmes d’ajustement structurels (PAS). Les PAS c’est notamment :
-Une politique d’austérité
-La privatisation des entreprises ; le but étant de supprimer les monopoles publics et faire intervenir le secteur privé avec en tête les multinationales
-La non-discrimination économique en facilitant les investissements étrangers

Quels sont les actions menées pour réaliser cette politique néo libérale ?

Les institutions financières et les économistes partisans de cette politique ont privilégié deux actions
-L’austérité budgétaire. Il fallait réduire les dépenses publiques des Etats pour leur permettre disaient-elles de relancer leur économie et surtout mobiliser des fonds pour qu’ils puissent rembourser la dette extérieure. Il a donc été proposé par exemple la baisse du nombre des fonctionnaires, la destruction des entreprises publiques.
-L’action sur les prix. Il fallait agir sur les prix internes en introduisant l‘idée de maitrise des salaires et de baisser le prix du travail. Par ailleurs, il a fallu agir sur le rapport entre les prix internes et les prix extérieurs en dévaluant la monnaie.

Les Programmes d’ajustement structurel en Côte d’ivoire
Comme nous le précisions la Cote d’Ivoire n’a pas échappé à cette politique d’austérité menée de main de maitre par monsieur Alassane Ouattara. Ceux qui ont vécu cette époque se rappellent des coupes budgétaires, des licenciements en cascade dans la fonction publique et de la dévaluation de la monnaie. Pendant cette période de nombreuses protestations et grèves ont vu le jour. A cela, le gouvernement de l’époque a préféré répondre par l’usage de la force, des répressions allant jusqu’à l’effusion de sang. Monsieur Alassane Ouattara répétait à qui voulait l’entendre que la situation allait s’améliorer dans des délais raisonnables et que sa politique était la meilleure. Un mensonge ? Evidemment ! En effet, ces politiques d’austérité au vu du contexte économique africain n’ont pas eu grand effet. Elles n’ont pas pu sur le long terme relever les économies africaines. Bien au contraire la situation dans l’ensemble était encore pire. Alors pourquoi un tel choix me diriez-vous ? Pourquoi une telle politique sachant qu’elle serait infructueuse.

La majorité des économistes les plus avisés sont unanimes sur le sujet. Les PAS ont sonné la mort économique de nombreux Etats africains. Sachant que cette politique était vouée à l’échec, s’entêter à la mettre en œuvre cachait forcement une volonté autre que celle de l’aide qui avait été mise en avant. Les bons samaritains n’étaient rien d’autre que de grands escrocs.

Au moment de l’intervention des PAS les Etats africains étaient très peu développés surtout au niveau industriel. La logique économique aurait voulu que l’intervention des « médecins » à notre chevet porte sur le développement des industries africaines  pour rendre les pays plus compétitifs. Il est logiquement plus rentable d’exporter des produits manufacturés que des produits de base. Pour faire simple l’exportation du chocolat rapporte plus que l’exportation de fèves de cacao. Pourquoi avoir donc mis l’accent sur le secteur primaire et tertiaire ? Pourquoi monsieur Alassane Ouattara, économiste compétent a-t-il soutenu cette politique ? lui le « Docteur en économie », celui qui soigne l’économie comme aiment à le préciser ses partisans.
Pourquoi avoir privilégié le remboursement de la dette extérieure avant toute chose le plus souvent en mettant en danger l’équilibre économique des pays endettés ?

Je vois déjà certains bondir soutenant que les PAS n’ont pas eu que des effets négatifs. Effectivement, il y a eu des points positifs. Cependant est-il nécessaire de pratiquer une politique lorsqu’elle renferme  largement plus d’inconvénients que d’avantages ?
Pourquoi avoir tant tenu  à dévaluer notre monnaie ?

La réponse est simple. Il s’agissait essentiellement de :
-Faire pression sur les couts d’achat des matières premières pour les industries des pays développés.
-Tuer toute concurrence au sein d’une potentielle industrie africaine.
Au final, monsieur Alassane Ouattara, docteur en économie de grand talent n’était sans doute pas ignorant de ces aspects-là. Il les a approuvés, les a soutenus et s’est donc fait complice de ces actions.
Aujourd’hui sous sa présidence, il prouve encore qu’il assume ce qu’il a fait en présentant les PAS et sa politique en tant que premier ministre comme de francs succès, en inscrivant ses mandats présidentiels dans la continuité de sa politique passée.

Monsieur Ouattara souffrirait il d’austérité aigue ?

Depuis 2001, le gouvernement ivoirien s’inscrit dans une politique d’austérité qui certes affiche une croissance globale positive mais qui peine à se refléter dans les conditions de vie des populations. Comment est-ce possible se demandent certains. La faute revient à a politique du gouvernement ivoirien qui n’a pas jugé prioritaire de développer une richesse intérieure. L’économie ivoirienne est essentiellement soutenue par des sources de revenus extérieures. Aucune véritable baisse de chômage, aucune véritable politique d’embauche, une cherté de la vie qui contraste avec le niveau de vie des populations tout simplement parce qu’il n’y a pas de politique de création de ressources endogènes.

Je me rappelle qu’un opposant d’ Alassane Ouattara le qualifiait de « candidat de l’étranger ». Certains faisant peut-être preuve de mauvaise foi, d’autres d’ignorance y ont vu un acte de xénophobie pensant qu’il était question de ses origines burkinabé. Cette phrase aurait pu et doit s’analyser autrement. Alassane Ouattara se bat il pour les intérêts de son pays ou se trouve-t-il au service des institutions bancaires et financières, des puissances qui veulent confiner l’Afrique au stade de continent assisté ? Il ne serait pas la seule personne à être dans ce club dans lequel de nombreuses personnalités, des chefs d’Etats africains ou occidentaux se retrouvent pour soit avoir en retour les moyens nécessaires pour accéder au pouvoir soit pour  consolider leur présidence . Sa récente intervention sur le franc CFA dans laquelle il affirmait sans nuancer son propos que cette monnaie n’avait pas besoin d’être restructurée ne nous conforte-t-elle pas dans cette idée du candidat, du chef d’Etat au service d’intérêts étrangers et personnels ?

Eric G.

 

 

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